Vivre dans le présent, remercier le passé, ensemencer l'avenir.

Je suis Jean-François Corbet. J’ai débuté l’aikido et l’aikishintaiso en 1988 à Lyon et ma rencontre avec la pratique a été une révélation. Elle donnait en effet corps à deux  certitudes profondes qui m’habitaient déjà enfant. Tout d'abord et sans me l'expliquer, je savais qu'un jour j'enseignerai les arts martiaux, ensuite, je pensais sans le comprendre que la recherche de la liberté intérieure serait un guide pour moi dans l'existence. 

Aujourd’hui, je pratique et j'enseigne l’aikido et l’aikishintaiso au sein du Kobayashi Ryu Aikido comme des voies d’accès à la profondeur. En effet, je le comprends comme cela aujourd'hui, le geste de l’aikido est une recherche de l’instantanéité juste de l’esprit, de l’attitude, de l’énergie, de la technique du temps.

"Etre ici et maintenant"résume bien la recherche que peut permettre l'aikido sur le tatami et en dehors du dojo.

Je fais un parallèle avec la vie courante : nous savons tous confusément que nous agissons souvent dans le présent, non pas en réponse à la situation réelle,  mais plutôt en obéissant à des influences passées peu compréhensibles. Cela a comme conséquence un écart entre ce qu'il faudrait faire ou dire et ce que nous faisons ou disons réellement. (la parole qui est aussi un geste, une expression du corps). Les événements, les relations sont couramment vécues dans ce choix simpliste : imposer à l'autre ou se soumettre, le vécu intérieur qui l'accompagne oscillant entre colère, désarroi, violence, soumission, sentiment de victoire...Tout ceci peut nous nuire, nuire aux autres, à nos relations, à la construction de notre vie, et est source de souffrance.

Dans la pratique de l'Aikido, les nombreuses répétitions des techniques nous permettent de nous mettre à l'épreuve, d'expérimenter, de chercher l'action juste (efficace et respectueuse de l'autre et de soi), la bonne attitude mentale en face de l'attaque, bref, d'être dans une éthique très concrète de l'ici et maintenant. 

Cette question de l’ici et du maintenant est également abordée dans l’aikishintaiso : le travail postural, de mouvement, de méditation, sont des chemins d’usure de ces illusions, contraintes et conditionnements aliénant nos corps, nos pensées et nos comportements.

Et en dehors du tatamis ? Cette question me semble aussi importante. Etre un Budoka en dehors du dojo, cela se traduit comment ? Personnellement, je conçois la vie sociale et professionnelle comme un terrain permanent de travail et de mise à l’épreuve à partir de cette idée : qu’est-ce que l’aikido dans notre vie ? Comment faire fructifier cet enseignement pour construire et pacifier sa vie ? Le ici et maintenant ne s’arrête pas à la porte du dojo : c’est un très puissant outil de construction de soi, de socialisation, de mise en cohérence pacifique et constructive de chacun avec le monde.

Tenter de lier la sagesse et l’expérience du passé, de ceux qui nous ont précédé sur la voie, avec la vie au 21ème siècle, agir librement, en profondeur dans l’ici et maintenant : un beau projet dans notre monde moderne. Le seul ennemi que l'on ait, c'est nous même disait le fondateur de l'aikido O Senseï Ueshiba.
Habité de cette recherche et de ce projet, je suis l’enseignement de Maître André Cognard que j'ai l'immense honneur de côtoyer régulièrement.